La ministre des Finances Nirmala Sitharaman a dévoilé le premier budget du gouvernement Modi 2.0, dans un contexte de ralentissement de la croissance et de grave crise du chômage. Au programme : de gros investissements dans les infrastructures et l’assouplissement des règles d’investissements étrangers dans plusieurs secteurs.
« Nous avons lancé le mouvement pour une nouvelle Inde. L’Inde va devenir une économie de 3.000 milliards de dollars cette année », a déclaré Nirmala Sitharaman, la ministre des Finances indienne, en ouverture de la présentation du budget devant le Parlement, vendredi 5 juillet.
Il s’agit du premier budget du nouveau g ouvernement du nationaliste hindou Narendra Modi porté au pouvoir pour un second mandat , après une victoire triomphale lors des élections législatives du mois de mai dernier.
Au cours de son discours de plus de deux heures, la ministre des Finances a indiqué que le gouvernement souhaitait assouplir les règles en matière d’investissements étrangers dans le pays. Notamment en ouvrant davantage les secteurs de l’aviation, des médias ou encore des assurances.
Le gouvernement prévoit également d’augmenter ses dépenses dans les infrastructures au cours des cinq prochaines années.
9,1 milliards pour les banques
Pour aider les banques publiques à se débarrasser de leurs créances douteuses, l e gouvernement y injectera 9,1 milliards d’euros supplémentaires d’ici à 2024. Cela dans le but de faciliter l’accès au crédit.
Car les deux objectifs principaux du gouvernement sont de stimuler la croissance et de générer des emplois. Le géant sud-asiatique a en effet enregistré un taux de croissance à 6,8 % sur l’année 2018-2019, le plus bas depuis cinq ans. Et le taux de chômage, à 6,1 %, n’a jamais été aussi haut en 45 ans.
« Personne ne peut nier qu’il est essentiel d’investir dans les infrastructures en Inde mais je m’inquiète de ne pas voir une approche plus directe pour créer des emplois, estime P.N. Vijay, banquier d’affaires, anciennement associé au Bharatiya Janata Party de Narendra Modi. Ce budget ne propose pas de ‘big-bang’».
Accélération des privatisations
Contrairement aux prédictions des experts, le déficit fiscal a quant à lui été revu à la baisse. Estimé à 3,4 % du PIB dans le budget intérimaire présenté au mois de février avant les élections législatives, il passe à 3,3 %.
Cet objectif devrait en partie être rendu possible grâce à l’accélération des privatisations mais aussi grâce à l’augmentation des taxes sur le pétrole et le diesel, l’augmentation des taxes sur les importations d’or ou encore l’augmentation des impôts pour les Indiens les plus riches (dont les revenus dépassent les 260.000 euros par an).
« Vieux vin dans une bouteille neuve »
« Les sources de revenus du gouvernement ne sont pas adéquates au regard de la liste des promesses faites, juge l’économiste Arun Kumar. Le risque, c’est que le gouvernement finisse par couper dans les dépenses alors que l’économie a besoin d’être relancée. »
Si le Premier ministre Narendra Modi s’est félicité de ce budget sur Twitter, plusieurs cadres du parti du Congrès (opposition) l’ont vivement critiqué, le qualifiant d’« insipide » ou encore de « vieux vin dans une bouteille neuve ».
(Les Echos 07/07/2019)