Fort de son écrasante victoire aux élections législatives, le Premier ministre indien Narendra Modi dévoile sa vision pour les cinq ans à venir. Au programme : faire de l’Inde une économie de cinq mille milliards de dollars d’ici 2024, ce qui implique de doubler le rythme de croissance.
Grande absente de la campagne qui a mené le Bharatyia Janata Party (BJP) du Premier ministre Narendra Modi à la victoire, l’économie fait son retour au centre des priorités. La semaine dernière, le président indien Ram Nath Kovind a détaillé devant le Parlement le programme du gouvernement pour les cinq années à venir. Dans son allocution, il a confirmé l’ambition du Premier ministre de faire de l’Inde une économie de cinq mille milliards de dollars d’ici 2024.
Quelques jours auparavant, devant les ministres en chef des Etats indiens, Narendra Modi avait affiché cet objectif, reconnaissant qu’il s’agissait d’un défi, tout en affirmant qu’il était atteignable. « L’Inde est actuellement une économie de 2.800 milliards de dollars, pour atteindre les 5.000 milliards d’ici 2024, la croissance devrait être de 12 % par an ! », rappelle l’éditorialiste Mihir Sharma dans les colonnes de l’agence Bloomberg, estimant que les chances d’y parvenir sont minces.
Pour cause, au dernier trimestre de l’année fiscale s’étant achevée au 31 mars 2019, la croissance indienne a fortement ralenti et est passée sous la barre des 6 %. Des chiffres qui inquiètent les analystes alors qu’environ un million de nouveaux entrants arrivent tous les mois sur le marché du travail et que le taux de chômage n’a jamais été aussi haut en 45 ans.
Faire de l’Inde un centre mondial de l’industrie
Parmi les ambitions des nationalistes hindous, figurent la conquête spatiale , la création de 50.000 start-up, ou encore l’objectif de se hisser parmi les 50 premiers pays dans le classement annuel « Doing business » de la Banque mondiale. « Nous travaillons à transformer l’Inde en un centre mondial de l’industrie », a déclaré Ram Nath Kovind avant d’annoncer une nouvelle politique industrielle dont les détails seraient bientôt rendus publics.
« La vision de Narendra Modi est claire : il veut faire de l’Inde une puissance capable de rivaliser avec la Chine en Asie et de peser dans le monde », analyse Arati Jerath, commentatrice politique. Et de poursuivre : « La vision de Modi était la même en 2014 mais il a utilisé ces cinq premières années pour asseoir l’hégémonie politique du BJP et n’a rien fait de conséquent ».
Aujourd’hui, les indicateurs économiques sont moins favorables qu’en 2014 et l’harmonie sociale du pays a été durement mise à mal par l’augmentation d es violences commises contre les minorités religieuses . « Bien qu’il continue de penser que l’Inde est une nation hindoue, Narendra Modi a besoin de restaurer un semblant de paix sociale pour que l’économie puisse prospérer », prévient Arati Jerath. Au lendemain de sa réélection, le Premier ministre a d’ailleurs tendu une perche dans cette direction, estimant que son gouvernement devait gagner la confiance des minorités.
Pour leur second mandat, les nationalistes hindous se donneront-ils les moyens de leurs ambitions pour une « Nouvelle Inde » ? Le budget, qui sera dévoilé le 5 juillet prochain, devrait apporter un début de réponse.
(Les Echos 23/06/2019)