La Bourse de Paris se montre hésitante dans un marché qui se prépare à la rencontre Trump-Xi tout en s’inquiétant des tensions entre les Etats-Unis et l’Iran. Carrefour se distingue, tandis que l’automobile est sous pression.
La Bourse entame la semaine sur une note prudente, les investisseurs tentant de faire la part des choses entre les espoirs suscités par la rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping le week-end prochain et la montée des tensions entre les Etats-Unis et l’Iran. Le marché prend également acte du recul de l’indice Ifo du climat des affaires en Allemagne, tombé à 97,4 en juin, au plus bas depuis novembre 2014, les tensions commerciales sino-américaines pesant sur la confiance des entreprises manufacturières.
Le président américain a menacé l’Iran de nouvelles sanctions qui pourraient être annoncées ce lundi, tout en rappelant qu’il était disposé à négocier « sans conditions préalables » afin de s’assurer que la République islamique ne disposera jamais de l’arme atomique. Des propos relayés par le secrétaire d’Etat Mike Pompeo, qui a évoqué dimanche « un ensemble significatif de nouvelles sanctions » avant d’entamer une tournée dans les pays arabes du Golfe alliés des Etats-Unis et hostiles à l’Iran.
La République islamique a de son côté indiqué que les cyberattaques lancées par les Etats-Unis avaient échoué. Plusieurs organes de presse, dont le Washington Post, ont fait état de cyberattaques de la part du Pentagone visant à paralyser les systèmes de lancement de missiles iraniens. Dans ce contexte, les cours du pétrole poursuivent leur marche en avant, le baril de Brent de la mer du Nord ayant touché un nouveau pic de trois semaines à 65,79 dollars, sans pour autant profiter à Total, poids lourds de l’indice Cac 40.
Trump-Xi : « une voie à double-sens »
Les négociateurs chinois et américains ont entamé leurs discussions en amont de la rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping au sommet du G20, à Osaka, en fin de semaine, a annoncé le vice-ministre chinois du Commerce, Wang Shouwen. « Le compromis sera des deux côtés. Ce sera une route à double-sens », impliquant un respect mutuel pour aboutir à un résultat « gagnant-gagnant ». Les marchés n’espèrent pas d’avancées majeures de cette rencontre, tout au plus un accord de principe pour poursuivre les discussions alors que les Etats-Unis ont placé plusieurs sociétés high tech chinoises, dont Huawei, sur une liste noire. Pékin a de son côté placé FedEx sur une liste de sociétés américaines « non fiables » après avoir accusé le géant américain de la livraison rapide d’avoir « redirigé » des colis envoyés par le groupe chinois aux Etats-Unis.
Carrefour en tête du Cac 40
Carrefour progresse après l’annonce de la vente d’une participation de contrôle de sa filiale en Chine, déficitaire, au chinois Suning.com, réalisant ainsi un important premier pas vers sa sortie du pays. Une décision saluée par Bernstein, qui estime que cette cession devrait renforcer le bénéfice par action de 3% à 4% et permettre au distributeur français de mieux se concentrer sur son marché domestique, qui est hautement concurrentiel.
Natixis reprend quelques couleurs après un plongeon de 13,6% au cours des deux dernières séances. Le fonds H2O a annoncé avoir vendu une partie de ses obligations privées dont il a déprécié le solde. Dépréciation qui a ramené la valorisation de ces fonds à moins de 2% de ses actifs sous gestion. Suite à cette dépréciation, les fonds seront valorisés avec une décote comprise entre 3% et 7%.
Eramet monte également après avoir annoncé la validation en interne de projets dans le manganèse au Gabon et le lithium en Argentine. Le groupe doit maintenant s’attaquer à la recherche de financements pour ces projets.
Alstom gagne près de 2%. Le groupe a annoncé que la progression de son chiffre d’affaires et de sa profitabilité pour l’année 2019-2020 sera inférieure aux objectifs moyens de son plan pluriannuel, mais ceux à plus long terme sont confirmés. Le groupe dit viser une marge d’exploitation ajustée de 9% en 2022-2023, contre 7,1% en 2018-2019, et envisager des opérations de croissance externe.
Le Stoxx 600 (-1,7%) de l’automobile accuse la plus forte baisse sectorielle en Europe après le nouveau « profit warning » de Daimler, le troisième en un an, lié à des provisions liées à des véhicules diesel. Renault et Peugeot cèdent du terrain, tandis qu’à Francfort, Daimler lâche près de 5%.
Enfin, Eurofins Scientific abandonne près de 6% après avoir annoncé que la cyberattaque du début juin pourrait avoir un impact important sur ses résultats, notamment au deuxième trimestre.
(Les Echos Investir 24/06/2019)