Après avoir renoncé in extremis à frapper l’Iran la semaine dernière, le président américain a promis de nouvelles sanctions économiques contre Téhéran, qui doivent être annoncées ce lundi. Les Etats-Unis auraient demandé une réunion du conseil de sécurité de l’ONU.
De nouvelles sanctions économiques, plutôt que des représailles militaires. Après avoir renoncé à frapper l’Iran à la dernière minute la semaine dernière, Donald Trump a annoncé ce week-end que de nouvelles sanctions « majeures » seraient imposées contre Téhéran dès ce lundi, sans plus de précision. « Nous mettons en place des sanctions supplémentaires majeures contre l’Iran lundi », a tweeté le président américain samedi, répétant que « l’Iran ne peut pas avoir d’armes nucléaires ! ».
Depuis qu’il a dénoncé l’accord sur le nucléaire iranien l’an dernier, Trump multiplie les déclarations contradictoires à l’encontre de Téhéran, alternant les sanctions et menaces de représailles, et les appels au dialogue, suivant l’avis de son administration et de ses conseillers, eux-mêmes divisés.
La semaine dernière, ignorant l’avis du plus belliqueux d’entre eux, John Bolton, il a ainsi annulé à la dernière minute des frappes contre trois sites iraniens , arguant que l’opération aurait fait « 150 victimes » et n’aurait pas été « proportionnée ». Celle-ci devait en effet répondre à une opération contre un drone américain jeudi dernier, abattu alors qu’il volait, selon Téhéran, dans l’espace aérien iranien, ce que Washington conteste vigoureusement. Cette attaque, immédiatement qualifiée de « très grosse erreur » par Trump, avait fait craindre un embrasement dans la région où les tensions ne cessent de s’aggraver depuis quelques semaines .
Réunion du conseil de sécurité
« Ils étaient tous à dire que j’étais un va-t-en guerre, et maintenant ils disent que je suis une colombe ! », a ironisé Trump samedi depuis Camp David, face à la presse. Je ne suis ni l’un ni l’autre, si vous voulez savoir la vérité, je suis un homme qui a du bon sens ». Trump, qui n’a plus de ministre de la Défense depuis près de six mois, n’a pas cherché à masquer les désaccords au sein de son administration sur l’Iran, estimant avoir besoin d’opinions contradictoires pour décider.
« Le seul dont l’avis compte, c’est moi », rappelle-t-il. De passage à Jérusalem, John Bolton a d’ailleurs immédiatement réagi, en mettant en garde l’Iran. « Ni l’Iran ni aucun autre acteur hostile ne devraient prendre la prudence et la retenue américaines pour de la faiblesse, a-t-il expliqué. Personne ne leur a donné un permis de chasse au Moyen Orient ». Les Etats-Unis auraient demandé la tenue lundi d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU.
Cyberattaques
Réticent à engager les Etats-Unis dans un nouveau conflit au Moyen Orient dont il sait l’impopularité à 18 mois des élections, Trump compte toutefois continuer à faire pression sur l’Iran. Selon la presse américaine , les Etats-Unis auraient lancé plusieurs cyberattaques contre des systèmes de défense iraniens. L’une des attaques aurait visé des ordinateurs servant à contrôler des lancements de missiles et de fusées, tandis qu’une autre aurait frappé un réseau d’espionnage chargé de surveiller les passages de navires dans le détroit d’Ormuz.
Washington espère conclure un nouvel accord avec Téhéran, plus large que l’ancien, qui inclurait notamment un volet sur la présence militaire iranienne dans la région. Trump a assuré vendredi être prêt à parler avec l’ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême de la Révolution iranienne, ou le président Hassan Rohani, sans condition préalable.
Les sanctions économiques, qui ont affaibli l’économie iranienne et provoqué un effondrement de ses exportations de pétrole, ont aussi engendré une escalade des tensions dans la région. Ces dernières semaines, Washington a accusé l’Iran d’avoir fomenté une série d’attaques, contre des tankers étrangers dans le passage stratégique du détroit d’Ormuz, et des pipelines, provoquant une flambée des cours de l’or noir . Les Etats-Unis ont depuis renforcé leur présence militaire dans la région.
(Les Echos 24/06/2019)