Shinzo Abe, le Premier ministre nippon, multiplie les attentions pour flatter l’ego du président américain et s’éviter tout coup de sang sur les dossiers économiques.
Tout au long du week-end, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a multiplié les attentions pour ravir Donald Trump et le placer dans de bonnes dispositions avant leur sommet plus formel ce lundi, au cours duquel les deux dirigeants doivent aborder la délicate question du commerce bilatéral.
Tôt dimanche matin, avant la canicule du printemps nippon, les deux hommes se sont retrouvés sur un luxuriant parcours de golf dans la péninsule de Boso, non loin de Tokyo. Au club house, les officiels japonais avaient fait préparer, pour le déjeuner, des double cheeseburgers au boeuf… américain. Un produit que le président américain voudrait justement voir entrer plus facilement sur le marché nippon.
Plus tard, de retour dans la capitale, les deux hommes ont rejoint leurs épouses pour être les invités d’honneur de la finale du grand tournoi d’été de sumos . Brisant des traditions ancestrales afin de flatter Donald Trump, la fédération avait installé des fauteuils non loin du dohyō, le ring où s’affrontent les lutteurs, alors que les spectateurs, même les plus VIP, doivent normalement s’asseoir en tailleur sur des coussins à même le sol.
Reçu par le nouvel empereur
Visiblement ravi de tant d’égards, le président américain, qui sera, ce lundi, le premier dirigeant étranger à être reçu par le nouvel empereur japonais Naruhito, a laissé entendre qu’il n’éviterait pas les sujets bilatéraux délicats lors de ses réunions de travail, lundi et mardi, avec Shinzo Abe mais qu’il ne comptait pas bousculer l’agenda de Tokyo.
Sous la pression de Washington qui se plaint de la taille du déficit commercial enregistré par les Etats-Unis avec le Japon, les deux exécutifs négocient, depuis l’an dernier, un accord de libre-échange aux contours encore flous. Donald Trump souhaitant notamment une baisse des tarifs douaniers imposés à certains produits agricoles américains. « Nous avons beaucoup avancé dans nos négociations » , mais « l’essentiel attendra » après les élections sénatoriales prévues en juillet dans l’archipel, a rassuré, sur Twitter, le président américain.
La veille, il s’était toutefois amusé à taquiner les patrons des grands groupes japonais, rencontrés à une réception à l’ambassade des Etats-Unis. Pointant encore le déficit commercial américain, il leur avait lancé : « En fait, c’est peut-être pour ça que vous m’aimez tant ! »
Ligne dure contre Kim
Ne cherchant pas à ouvrir un autre front au moment où il est engagé dans un bras de fer très dur avec la Chine, Donald Trump compte surtout célébrer, d’ici son départ de Tokyo mardi, son alliance avec le Japon et la communauté de vue de leurs deux gouvernements sur la plupart des grands dossiers géopolitiques.
Si le président américain a semblé minorer, dimanche dans un tweet, la gravité des derniers tirs de missiles nord-coréens, il ne compte aucunement assouplir les sanctions contre Pyongyang, à la grande satisfaction de Tokyo qui est partisan de la ligne dure contre le régime de Kim Jong-un.
(Les Echos 26/05/2019)