Les prix du pétrole sont actuellement pris entre deux feux, avec d’un côté les tensions commerciales sino-américaines qui pourraient peser sur la demande, et de l’autre celles au Moyen-Orient qui pourraient affecter l’offre. Suite à la mise en place des sanctions sur les exportations de son pétrole, l’Iran a décidé de suspendre certains de ses engagements concernant l’accord de 2015 sur son nucléaire, menaçant ainsi d’augmenter son programme d’enrichissement d’uranium. Les Etats-Unis ont auparavant annoncé l’envoi d’un groupe aéronaval au Moyen-Orient, probablement afin de prévenir les menaces de l’Iran de bloquer le détroit d’Hormuz, par lequel transitent 20% des flux maritimes mondiaux de pétrole. Donald Trump a également décidé d’inclure le minerai de fer, l’acier, le cuivre et l’aluminium dans les sanctions touchant les exportations iraniennes. Il se trouve qu’une partie significative de ces exportations (99% pour le minerai de fer, 85% pour le cuivre) sont à destination de la Chine. Les volumes concernés sont limités à l’échelle mondiale, mais mettent en exergue les connexions entre les sanctions contre l’Iran, le Venezuela et les négociations sino-américaines sur le commerce international. Ces dernières se sont à nouveau tendues suite aux menaces de l’administration américaine de relever les taxes sur une partie des importations chinoises de 10% à 25% si les négociations n’avançaient pas. L’effet a été immédiat sur les marchés financiers, entrainant un vaste mouvement d’aversion au risque. Les matières premières, sensibles à la croissance de l’économie mondiale, ont accompagné la baisse. Après être légèrement descendu en dessous de 70$, le Brent s’est ressaisi en fin de semaine pour clôturer à 70,62$/b vendredi et s’approche des 71$ ce lundi matin. Les données de mouvements de tankers font état d’une réduction du trafic, et qu’aucun pétrolier n’a quitté les terminaux d’exportation iraniens depuis le début du mois. De son côté, l’Arabie Saoudite a déclaré être prête, avec le reste de l’OPEP, à répondre aux demandes de livraisons supplémentaires de pétrole. Néanmoins, le cartel a affirmé qu’il n’augmentera sa production qu’à la hauteur des demandes, ne souhaitant pas créer d’offre excédentaire. Dans le contexte actuel, nous prévoyons une certaine volatilité sur les prix du brut, avec toutefois un risque haussier qui nous semble l’emporter par rapport à la baisse compte tenu des nombreux signes de resserrement de l’offre (perturbations en Russie, Nigeria, Venezuela et impact des sanctions américaines sur l’Iran). Il restera à voir si Donald Trump pourra agir afin de contrôler une flambée des prix alors que ce dernier souhaite maintenir des prix bas à la pompe dans la perspective des présidentielles 2020 aux Etats-Unis.