Dimanche, Donald Trump a menacé de relever vendredi de 10% à 25% les taxes sur les 200 milliards de dollars de biens chinois importés. Les marchés sont surpris. Le CSI 300 a plongé en Asie, le Cac 40 chute de 2%.
Retour de week-end difficile pour les boursiers. En Chine, l’indice CSI 300 a plongé de 5,8% tandis que le contrat future Dow Jones est déjà en forte baisse de plus de 450 points. A Paris, le Cac 40 perd 2%, retombant lourdement sous le seuil des 5.500 points, à 5.433,38 points, dans un volume d’échanges de l’ordre de 700 millions d’euros. Toutes les valeurs de l’indice sont dans le rouge, et même quasiment l’ensemble du SRD. Les valeurs de l’automobile ou des ressources de base sont logiquement les plus touchées, à l’image de Faurecia, Valeo et Plastic Omnium, Peugeot et ArcelorMittal.
On aurait pourtant pu s’attendre à un lundi des plus calmes sur les marchés, aucune publication de premier plan du côté des entreprises ou économique n’étant programmée. C’était sans compter sur Donald Trump, à l’origine d’une nouvelle « sortie » dimanche. Et contre la Chine, alors que les dernières déclarations des responsables américains faisaient état d’avancées sur le plan du conflit commercial.
Pékin pourrait annuler l’entrevue à Washington
A Pékin, la semaine dernière, à l’issue d’une nouvelle session de négociations, Steven Mnuchin a constaté que les entretiens avaient été fructueux avec le vice-Premier ministre chinois Liu He. Le secrétaire américain au Trésor a même estimé que deux cycles supplémentaires de discussions pourraient permettre aux deux pays de finaliser un accord commercial. Le prochain est programmé dans les tout prochains jours, cette fois à Washington.
A moins que le président américain n’ait brouillé cette belle feuille de route. Hier, il a en effet déclaré que les 200 milliards de dollars de produits chinois jusque-là soumis à des droits de douane de 10% à leur entrée aux Etats-Unis seraient taxés à hauteur de 25% à partir de vendredi. Les discussions se poursuivent « mais trop lentement, parce qu’ils cherchent à renégocier ». « Non ! », a-t-il indiqué sur Twitter. Pékin pourrait dès lors annuler le nouveau round de négociations, indique la presse américaine.
Et ce n’est pas fini, « 325 milliards de dollars de biens supplémentaires que nous envoie la Chine restent non taxés mais le seront rapidement, à un taux de 25%. », a en effet indiqué le président.
« En annonçant une hausse de 10% à 25% sur 200 milliards de dollars de produits importés, le président américain prend un risque important, commente le cabinet Aurel BGC. Les marges sur les produits fabriqués en Chine sont faibles et ces hausses de tarifs impacteront directement les prix de vente. De plus, de nombreuses entreprises américaines seront soumises à ces taxes, à l’image d’Apple. Mais, surtout, les résultats de nombreuses entreprises américaines dépendent de la croissance en Chine ou des coûts de fabrication dans ce pays. »
Apple, GM, Pfizer, 3M…
Les analystes poursuivent : « Par exemple, la performance du titre Apple, après la publication de ses résultats trimestriels, s’explique en grande partie par la déclaration de Tim Cook sur l’impact positif de la récente baisse des prix en Chine sur les ventes d’iPhones. Le marché chinois est déterminant pour la croissance à venir de la société. Les ventes dans les économies émergentes, dont la Chine, sont aussi au cœur des résultats décevants de GM, de la croissance de Pfizer ou de la croissance organique de groupes comme Mondelez International ou Kraft Heinz. Les groupes technologiques, comme Qualcomm, sont dépendants du marché chinois, mais c’est aussi le cas de nombreux groupes industriels comme 3M par exemple. »
(Les Echos Investir 06/05/2019)