L’actuel président du Parlement européen et huit de ses prédécesseurs appellent, dans une tribune au « Monde », les citoyens à ne pas oublier la leçon d’un passé payé au prix fort et à exprimer dans les urnes, le 26 mai, leur attachement aux valeurs qui ont fondé l’UE.
tribune. Il ne fait guère de doute que nous nous trouvons à la croisée des chemins et que les choix qui seront faits par les citoyens lorsqu’ils seront appelés à voter à la fin du mois de mai seront déterminants pour l’avenir de l’Europe.
Nous avons été présidents du Parlement européen en des temps aussi bien d’incertitude que d’optimisme. Tout au long de l’histoire du continent après la seconde guerre mondiale, la solidarité a uni les Européens et leur a permis de faire face aux plus grandes difficultés, même lorsque les nuages du doute étaient les plus sombres. Nous ne parlons plus d’« anciens » et de « nouveaux » Etats membres, nous parlons d’une Europe, d’Helsinki à Nicosie et de Lisbonne à Varsovie, en passant par Bucarest.
Des certitudes anciennes qui ont servi l’Europe et le reste du monde, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, sont aujourd’hui mises à l’épreuve par une nouvelle vague de politiques de marchandage et par une montée des tensions géopolitiques dans une nouvelle ère de concurrence entre les puissances.
En tant qu’Européens, nous ne pouvons pas choisir pour les autres. Nous ne pouvons pas contrôler ce que les autres font, mais nous pouvons choisir pour nous‑mêmes, faire des choix collectifs dans notre propre intérêt, en cohérence avec nos besoins et nos valeurs, ainsi qu’avec les besoins du monde.
Clé de voûte de la paix
L’Union européenne est moins parfaite que beaucoup le voudraient et moins imparfaite que la caricature présentée par ses détracteurs les plus radicaux. Avant de pouvoir être perfectionnée, adaptée et réformée, elle doit tout d’abord être préservée.
Il y a quarante ans, en juin 1979, le Parlement européen était élu pour la première fois. Quarante ans plus tôt, en 1939, une génération entière de jeunes Européens allaient devoir se battre les uns contre les autres. Cinquante-cinq millions de personnes ont perdu la vie au cours de la seconde guerre mondiale.
Travailler ensemble pour résoudre les problèmes et les différences a constitué la clé de voûte de la paix et de l’unité européennes depuis lors. Cette leçon, payée au prix le plus fort, ne saurait être oubliée ou mise de côté par apathie ou hostilité.
Le soutien à l’Union européenne se situe à un niveau record dans les sondages d’opinion, et il doit désormais s’exprimer dans les urnes. Nous avons le plus grand marché unique au monde. Nos valeurs et nos traditions, à savoir la dignité de chaque être humain, la liberté, la démocratie, l’ordre juridique et la paix, sont à la base de notre mode de vie.
(Le Monde 06/05/2019)