La banque centrale américaine mène la politique très souple que souhaite Donald Trump mais retoque ses candidats au conseil de politique monétaire de l’institution.
Oubliées les peurs de la fin 2018, retour à l’euphorie. La croissance américaine est au plus haut, avec un rythme annuel de 3,2 % au premier trimestre, après une année 2018 exceptionnelle (2,9 % de croissance). La Bourse de New York a retrouvé, fin avril, les sommets historiques atteints en septembre 2018. Depuis le début de l’année, l’indice Standard & Poor’s 500, qui reflète la globalité de l’économie américaine, a progressé de 17 % tandis que le Nasdaq, l’indice riche en technologie, s’est envolé de 22 %, sa meilleure performance depuis 1991.
La Bourse est dopée par les bons résultats des entreprises, l’accalmie dans la guerre commerciale avec la Chine et le report du Brexit, et surtout par l’action de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui s’est métamorphosée en quelques mois de faucon à colombe. Les taux à dix ans restent très bas, à 2,50 %, tandis que la Fed a mis un terme, début janvier, à sa politique de remontée des taux d’intérêt, engagée depuis la fin 2015. Et la mollesse de l’inflation ne devrait pas l’inciter à changer d’avis lors de la réunion de son comité de politique monétaire, mardi 30 avril et mercredi 1er mai.
Est-ce à dire que la banque présidée par Jerome Powell a capitulé face aux injonctions des marchés et de Donald Trump, qui n’a cessé de critiquer l’institution pour sa politique de durcissement monétaire et exigé récemment qu’elle réduise ses taux directeurs, actuellement compris entre 2,5 % et 2,75 %, d’un demi-point ? Oui et non.
Sur le fond, la Fed voulait avoir remonté au maximum ses taux à la fin de l’année 2018, pour pouvoir les rebaisser en cas de récession. C’est ce qui explique son cafouillage de fin d’année : la décision de les augmenter une nouvelle fois n’a pas été complètement assumée car les nuages économiques s’amoncelaient à l’horizon.
(Le Monde 29/04/2019)