Edouard Philippe réunit ce lundi un « séminaire de la majorité » qui intégrera le gouvernement mais aussi des responsables LREM et Modem.
Un séminaire plus large et plus long que ceux organisés jusqu’à présent, car la feuille de route est nettement plus dense. Après la conférence de presse d’Emmanuel Macron jeudi dernier qui lui a permis de mettre sur la table ses décisions suite au grand débat , place à leur mise en oeuvre. Le gouvernement d’Edouard Philippe se réunit ce lundi en séminaire à Matignon.
Prévu pour durer la journée entière, ce « séminaire de la majorité » réunira l’ensemble du gouvernement le matin, auquel viendront se greffer des représentants de la majorité l’après-midi : les présidents de groupes parlementaires et de commissions LREM et Modem à l’Assemblée nationale et au Sénat. Un élargissement destiné à fluidifier les relations entre l’exécutif et la majorité, qui ont connu quelques épisodes houleux récemment, car, de fait, le calendrier législatif sera bousculé au cours des prochaines semaines.
Avant même ce séminaire, dès le lendemain des annonces d’Emmanuel Macron, les ministres se sont déployés pour faire le service après-vente et préciser les contours d’annonces parfois floues, comme la baisse de l’impôt sur le revenu .
« Nous avons une feuille de route détaillée. Il faut maintenant la mettre en oeuvre et valoriser ce qu’on fait », analyse un membre de l’équipe gouvernementale. Si les deux premières années du quinquennat ont été riches en réformes, elles sont encore mal perçues. Les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes, comme le montre la baisse limitée du chômage au premier trimestre, annoncée vendredi dernier.
« Rien là-dedans »
Impôts, pouvoir d’achat, social, institutions, vie démocratique… Conformes à ce qui avait fuité de l’allocution présidentielle qui avait été enregistrée, mais non diffusée en raison de l’incendie de Notre-Dame de Paris , les annonces d’Emmanuel Macron doivent encore convaincre. Les Français restent prudents, puisque selon un sondage Harris Interactive publié après la conférence de presse, ils sont 63 % à ne pas être convaincus.
Les oppositions se sont engouffrés dans la brèche et n’ont pas manqué de dénoncer le vide de ces annonces. « Il n’y a rien là-dedans. Ce qui m’a amusé, c’est qu’au bout de deux ans de présidence, il se rend compte qu’il y a des problèmes en France », a réagi samedi sur Europe1 le leader de la CGT, Philippe Martinez. « Grand débat, petites réponses », a ironisé le premier secrétaire du PS, Olivier Faure. Les trous dans la raquette, notamment en matière d’environnement, sont aussi relevés.
« Choses les plus profondes »
De leur côté, les membres de la majorité insistent sur cet acte II du quinquennat, qu’ils espèrent être une renaissance. « Les choses qui ont été apportées par le président de la République, ce sont les choses les plus profondes qu’on pouvait imaginer […]. C’est au fond la réponse à toutes les critiques qui ont été apportées, y compris par les gilets jaunes », a déclaré dimanche sur BFMTV le président du Modem et proche d’Emmanuel Macron, François Bayrou.
L’exécutif peut se féliciter d’une mobilisation en baisse des « gilets jaunes » samedi dernier : pour leur acte 24, ils n’ont réuni que 23.600 manifestants. Mais le gouvernement n’en a pas fini pour autant avec ce mouvement, avant un 1er mai qui s’annonce sous très haute tension. Dans le même temps, la campagne pour les élections européennes va s’installer peu à peu, tout se jouant dans les quinze derniers jours. Emmanuel Macron a besoin d’un bon score de la liste Renaissance de LREM, et notamment d’une première place devant le RN ( qui est encore loin d’être acquise ), s’il veut un acte II du quinquennat commençant sous les meilleures auspices.
(Les Echos 29/04/2019)