La Grèce a rejoint vendredi à Dubrovnik le sommet des « 17+1 », un groupe de pays d’Europe centrale et orientale où Pékin promet d’investir massivement.
Paroles rassurantes mais influence grandissante. La Chine continue d’avancer ses pions en Europe centrale et orientale au grand dam des dirigeants de l’Union européenne.
En témoigne le 8e sommet dit des « 16+1 » (devenus cette année « 17 + 1 ») qui s’est tenu vendredi à Dubrovnik en Croatie en présence du Premier ministre chinois Li Keqiang. Pour la première fois, le premier ministre grec Alexis Tsipras avait fait le déplacement car son pays a décidé de rejoindre cette plateforme pour les investissements de Pékin dans cette partie du continent.
Nouvelles routes de la soie
L’Europe orientale est une composante essentielle du projet chinois de « nouvelles routes de la soie », ce projet pharaonique lancé par Pékin en 2013 prévoyant des investissements de plus de 1.000 milliards de dollars dans des infrastructures routières, ferroviaires et maritimes pour permettre l’acheminement des exportations chinoises.
Alors forcément, ce groupement est regardé avec inquiétude en Europe de l’ouest, qui redoute une tentative chinoise pour diviser l’Union. Li Keqiang a réfuté de telles visées : « Nous avons l’intention de coopérer et de respecter les standards européens, » a-t-il déclaré à l’ouverture du sommet. Et d’ajouter : « Nous avons tous besoin de développer le commerce et de connecter nos économies. »
Déclaration Chine-UE
Mardi à Bruxelles, le même Li Keqiang a promis d’ouvrir un peu plus son économie dans une déclaration commune avec l’Union saluée comme « une percée » par les Européens, qui restent cependant prudents. Et pour cause, la Chine était en 2018 le premier importateur dans l’UE et la deuxième destination des produits européens à l’exportation. La balance commerciale est largement bénéficiaire aux Chinois : +184 milliards d’euros, selon les chiffres de la Commission.
Un complément utile à la coopération entre l’UE et la Chine
La France et l’Allemagne, s’inquiètent de plus en plus du projet de « nouvelles routes de la soie », particulièrement depuis que le gouvernement populiste italien est devenu le premier membre du G7 à le rallier. Aussi le chef du gouvernement chinois a-t-il veillé à présenter le sommet « 17+1 » comme un « complément utile à la coopération entre l’UE et la Chine ».
La Chine a par le passé annoncé une ligne de crédit de 10 milliards de dollars et un fonds de trois millions de dollars d’investissements. Jusque-là, le bilan est néanmoins mitigé car des investissements promis ont été reportés ou annulés. Ainsi la construction d’un chemin de fer entre Belgrade et Budapest vient tout juste de commencer en Serbie, cinq ans après avoir été annoncée.
Les membres du 17+1
Le sommet « 17 + 1 » inclut douze pays membres de l’UE : Bulgarie, Croatie, Estonie, Grèce, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie, République tchèque, Slovaquie et Slovénie. Auxquels s’ajoutent cinq autres Etats des Balkans qui aspirent à rejoindre l’UE : Albanie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Macédoine et Serbie.
(Les Echos 14/04/2019)