Edouard Philippe participe ce lundi à la restitution. « Avec le grand débat, il y a eu un vrai mouvement citoyen. Maintenant il faut transformer l’essai car il y a de fortes attentes sur la sortie », indique l’Elysée. Emmanuel Macron donnera, à partir du 15 avril, le ton.
« Après ce grand débat, rien ne sera comme avant. » Dans les colonnes du « Parisien » dimanche, Sibeth Ndiaye, la nouvelle porte-parole du gouvernement a mis la barre très haut. Initié en décembre au plus fort de la crise des « gilets jaunes », démarré en janvier et achevé fin mars, ce grand débat a rempli son premier objectif en permettant aux Français de s’exprimer avec 1,9 million de contributions envoyées.
Autre motif de satisfaction : le grand débat a aussi permis à l’exécutif de sortir de son duel avec les « gilets jaunes », dont la mobilisation baisse semaine après semaine. Samedi dernier, pour leur « acte XXI », ils n’ont mobilisé que 22.300 personnes en France, selon le ministère de l’Intérieur. Soit le nombre de manifestants le plus faible depuis le lancement du mouvement, le 17 novembre.
La contestation n’est pas achevée, mais elle s’essouffle. Revers de la médaille, si le grand débat a contribué à cet essoufflement, les réponses devront être à la hauteur des attentes, sous peine de relancer la grogne sociale. « Avec le grand débat, il y a eu un vrai mouvement citoyen. Maintenant il faut transformer l’essai car il y a de fortes attentes sur la sortie », confirme l’Elysée.
Pression au maximum
La pression sur l’exécutif est donc au maximum. L’atterrissage débute ce lundi au Grand Palais, à Paris. Edouard Philippe, entouré des garants et des ministres qui ont animé ce débat – Emmanuelle Wargon et Sébastien Lecornu -, jouera la première étape : la restitution et la synthèse de cette consultation géante. Le Premier ministre ne fera pas d’annonce. D’abord parce que tous les arbitrages n’ont pas encore été rendus, ensuite parce qu’elles seront faites par Emmanuel Macron, à partir du 15 avril, sous une forme qui reste à déterminer.
« Lundi, les Français devront se reconnaître dans ce qui a été dit », confirme l’entourage du Premier ministre. Il s’agit en effet de montrer aux Français qu’ils ont été entendus, même si tous ne trouveront pas une réponse positive à leurs propositions et revendications.
Edouard Philippe s’exprimera mardi devant l’Assemblée nationale et mercredi devant le Sénat, et il devrait être plus précis sur le calendrier ou encore la méthode.
Macron sur une ligne de crête
Puis le temps sera celui d’Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat doit s’exprimer à partir de la mi-avril et donner ses premières propositions. Une certitude : les réponses au grand débat seront multiples et étalées dans le temps. Elles constitueront le socle de la politique du gouvernement pour la seconde partie du quinquennat.
La semaine dernière, Edouard Philippe a évoqué des « réponses puissantes ». De son côté, Emmanuel Macron a commencé à tracer les contours lors de son déplacement à Saint-Brieuc . Les conclusions du grand débat ne seront « ni un reniement, ni un entêtement », et il n’est pas question d’apporter des réponses à chacune des revendications des Français.
Le président, dont le regain d’opinion favorable reste fragile, se trouve donc sur une étroite ligne de crête : donner des signes de rupture avec la façon dont il a présidé depuis deux ans, sans se renier sur le fond. Dire aux Français qu’il les a entendus et répondre à des urgences, tout en prévenant déjà qu’il y aura les inévitables déçus. Pour Emmanuel Macron, il ne s’agit pas uniquement de donner des réponses économiques et sociales, cela a déjà été fait le 10 décembre, mais aussi de renouer un lien profondément abîmé entre les Français et leurs élus. De leur côté, les oppositions ne relâchent pas leur pression. « Il est temps d’en sortir, avec une vraie vision et des actes vigoureux », a demandé dimanche Laurent Wauquiez, le patron de LR, dans les colonnes du « JDD ».
(Les Echos 08/04/2019)