Le scepticisme qui entoure encore la performance boursière de l’année 2019 continue de surprendre et de pousser les indices à la hausse. Il est étonnant de constater que le sentiment positif n’arrive pas à s’imposer durablement. Chaque avancée significative du moral des investisseurs est suivie presque immédiatement par un tassement important. Cette semaine ne fait pas exception. Prenez le HSNSI qui flirtait avec des points hauts la semaine dernière à la faveur de l’apaisement des tensions US CHINE, le voilà cette semaine en fort repli (-20%) à la veille des publications des géants de la techno américaine. Les investisseurs sont prudents sur les résultats à venir et c’est le même mouvement que l’on constate sur le Fear and Greed index qui marque un recul important cette semaine autour de 44. Les flux commencent à peine à contredire cette prudence. Les souscriptions dans les fonds obligataires et monétaires sont moins importantes et on commence à revoir des collectes positives dans les fonds actions. Ce mouvement ne concerne pas toutes les zones géographiques, l’Europe reste en décollecte même si les flux sortants commencent à se tarir. En revanche, les fonds globaux et US ont recommencé à collecter et affichent des collectes nettes franchement positives. Cette timidité des investisseurs financiers contraste avec l’euphorie du private equity, de l’immobilier et des autres actifs « réels » par opposition aux actions cotées en général. Ces classes d’actifs recyclent la liquidité offerte par les banquiers centraux sans complexe. Les actifs « réels » ont la cote, trop peut-être, il nous semble qu’ils représentent un risque de liquidité grandissant. Comme souvent, concentrés sur la performance passée les investisseurs négligent certains aspects du risque, la liquidité nous semble en faire partie.
A ce titre nous gardons un œil inquiet sur la situation de la Deutsche Bank. La situation catastrophique de la banque qui porte 49 trilliards de contrepartie de dérivés ne manque pas d’inquiéter. Le moral hasard est à son paroxysme : la Deutsche Bank est trop importante et systémique pour faire défaut et l’exposition des banques globales notamment américaines à son bilan est colossal. Pour paraphraser les caciques : une faillite de la DB ferait passer la faillite de Lehmann Brothers pour une promenade de santé. Donc la BCE ne la laissera jamais tomber, pas plus que la Réserve Fédérale ne laissera tomber Goldman, Wells Fargo, BoAML qui sont très exposées à la Deutsche Bank. Est-ce cela qui pèse sur le sentiment qui s’il s’améliore ne passe pas franchement en territoire positif. Les tensions géopolitiques dans le détroit d’Ormouz n’arrangent surement rien d’autant que l’on sent une grande gêne de la part des alliés sur ce dossier. L’épisode de la saisie du tanker britannique est assez symbolique avec un pas en arrière des US qui finissent par déclarer que les anglais doivent protéger et s’occuper de leurs navires… Ce qu’ils font en demandant l’aide… de l’Europe !! On reste fasciné par cette capacité des anglais à adopter des postures dignes des meilleurs équilibristes. Boris Johnson est sur le point de devenir le prochain locataire du 10 Downing Street, après avoir mené une campagne anti Brexit tout à fait contestable au point de ne pas l’assumer lui-même au lendemain de la victoire du « Non », il revient aujourd’hui auréolé du soutien de Trump prêt à gérer un « no deal Brexit » ce que le parlement, qui est sur le point de l’élire veut éviter à tout prix… difficile de ne pas se sentir un peu perdu !
Du strict point de vue de nos allocations, cette situation n’est pas pour nous déplaire nous permettant de maintenir une exposition raisonnable au risque actions. Toujours autour d’une 40aine de % nous attendons un signe clair des investisseurs pour bouger significativement nos expositions dans un sens ou dans l’autre.
Exposition OTEA 1 : 40% neutre