Pénalisée par les tensions commerciales avec les Etats-Unis et une demande intérieure en berne, la croissance du géant asiatique s’est établie à 6,2 % sur un an au deuxième trimestre. Son rythme le plus faible jamais enregistré depuis le début de la série statistique en 1992.
« L’économie de la Chine s’effondre », affirmait Donald Trump fin juin avant le G20 d’Osaka , assurant que Pékin a besoin d’un accord commercial avec les Etats-Unis. Alors que les négociations reprennent poussivement entre les deux premières puissances économiques mondiales, les statistiques publiées par la Chine ne montrent pas de tel effondrement mais témoignent d’un ralentissement indiscutable.
La croissance du géant asiatique s’est établie à 6,2 % sur un an au deuxième trimestre, son rythme le plus faible jamais enregistré depuis le début de la série statistique en 1992. A la plus grande surprise des économistes, Pékin avait, en début d’année, réussi à maintenir sa croissance à 6,4 % .
Malgré les doutes habituels entourant les statistiques avancées par le pouvoir communiste, le coup de frein sur l’économie chinoise est, cette fois, exactement conforme aux attentes. « L’impact de la guerre commerciale se fait sentir fortement dans le secteur manufacturier, constatent les économistes de Société Générale. Le soutien politique est en cours mais reste insuffisant pour compenser le choc de la guerre tarifaire. »
Demande intérieure en berne
Le début du printemps avait pourtant mis du baume au coeur des consommateurs et entreprises chinoises, Washington et Pékin multipliant les rencontres de hauts niveaux dans l’espoir de régler leurs différends. Jusqu’à ce que les tensions repartent de plus belle, avec la décision soudaine, fin mai, de l’administration Trump de relever les droits de douane de 10 % à 25 % sur 200 milliards de biens chinois , entraînant une riposte immédiate de Pékin.
Alors que les exportations demeurent l’un des piliers de l’économie chinoise, les tensions avec les Etats-Unis et le refroidissement des échanges commerciaux en Asie pèsent. Et ce, au moment où la demande intérieure patine également, comme en témoigne la chute des importations (-7,3 % en juin sur un an) ou le déclin persistant des ventes automobiles (-9,6 %).
Conditions économiques « toujours difficiles »
Tous les regards se tournent désormais vers le gouvernement chinois, alors que les baisses d’impôts annoncées en mars (2.000 milliards yuans pour les entreprises cette année, soit 258 milliards d’euros), les nouvelles dépenses en infrastructures et la politique monétaire toujours accommodante tardent à produire leurs effets sur l’économie et que la confiance des consommateurs et chefs d’entreprises se dégrade. Bon nombre d’économistes anticipent de nouvelles mesures de soutien en cette année hautement symbolique pour le régime communiste chinois qui célébrera ses 70 ans le 1er octobre.
« L’année dernière, le président Xi Jinping a déclaré que le 70e anniversaire de la République populaire de Chine serait célébré avec une performance économique exceptionnelle », rappelle Raymond Yeung, économiste de la banque ANZ. Le Premier ministre, Li Keqiang, s’est fixé, en mars, pour objectif une croissance économique comprise entre 6 % et 6,5 % cette année. Les chiffres publiés ce lundi se situent dans cette fourchette.
Dévoilés en parallèle, certains indicateurs (production industrielle, immobilier, vente de détail) ont mieux résisté que prévu en juin, suggérant que la Chine serait en passe de stabiliser son économie. Les analystes de Capital Economics n’y voient toutefois qu’un effet « temporaire » et « doutent que les données meilleures que prévu en juin marquent le début d’un retournement ». « Les conditions économiques sont toujours difficiles, tant en Chine qu’à l’étranger, la croissance économique mondiale ralentit et les instabilités et incertitudes externes augmentent », a mis en garde, de son côté, le porte-parole du Bureau chinois des statistiques.
(Les Echos 15/07/2019)