L’île-continent jouit toujours de la plus longue phase de croissance du monde. Mais de nombreux signes laissent penser que le pays pourrait tomber en récession.
Qu’il s’agisse du travailliste Bill Shorten ou du conservateur Scott Morrison, la tâche du prochain Premier ministre (les élections ont lieu ce samedi) sera, à n’en pas douter, plus ardue que pour son prédécesseur.
Car si la santé de l’économie australienne, dont la croissance est ininterrompue depuis 28 ans et où le taux de chômage est à 5,1 %, a de quoi faire pâlir d’envie tous les pays européens, elle n’est pas exempte de symptômes laissant présager d’un ralentissement, voire même d’une récession.
Victime collatérale de la guerre commerciale
D’abord parce que l’économie australienne reste étroitement liée à celle de la Chine, son premier partenaire commercial et la principale source de ses recettes d’exportation (30,6 %). C’est ce qui explique, en partie, le succès de l’Australie ces dernières années mais c’est aussi ce qui pourrait entraîner sa perte.
La croissance ralentit à Pékin, une crise qui risque de s’aggraver en raison de la guerre commerciale en cours avec Washington, dont Canberra sera l’une des principales victimes collatérales. D’après une étude publiée par KPMG, dans le meilleur des cas, le PIB de l’Australie pourrait se contracter de 22 milliards d’euros d’ici à 2022, soit 0,3 % du PIB. Dans l’hypothèse d’une guerre « totale », « ce sont près de 308 milliards d’euros de revenu national qui pourraient être perdus sur dix ans, ainsi que 60.000 emplois détruits », détaille le cabinet d’experts. Les conséquences se font déjà sentir sur le dollar australien, qui a atteint cette semaine son plus bas niveau en trois ans face au dollar américain, en recul de 15 % depuis février 2016.
L’immobilier à la peine
Mais les menaces qui planent sur l’économie du « Lucky Country » ne sont pas qu’externes. Les prix de l’immobilier ne cessent de baisser, en particulier dans les grandes villes, où ils avaient explosé ces dernières années. Le prix médian à l’échelle nationale a reculé de 7,9 % depuis le pic atteint en septembre 2017, de 15 % à Sydney et de 11 % à Melbourne. Une correction qui ne semble pas encore suffisante pour faire revenir les acheteurs, puisqu’en mars, les ventes immobilières étaient en recul de 17 % par rapport à l’année passée, et ont atteint leur plus bas niveau depuis 20 ans, plus faibles encore que lors de la crise financière de 2008.
Selon la revue sur la stabilité financière publiée en avril par la banque centrale australienne (RBA), 3 % des emprunteurs immobiliers remboursent un prêt dont la valeur est plus importante que la maison ou l’appartement qu’ils ont acheté. En parallèle, les grandes banques signalent une augmentation significative des défauts de paiement . Une situation inquiétante, alors que l’Australie est l’un des pays ayant le plus fort taux d’endettement des ménages (216 %).
(Les Echos 20/05/2019)