Le chef de l’Etat tiendra également une conférence de presse mercredi à l’Elysée. Un exercice inédit dans son quinquennat.
La consommation de viande reste faible en Afrique. Pourtant, le continent est deux fois plus dépendant des importations que le reste du monde.
La consommation de viande en Afrique est l’une des plus faibles au monde, 15 kg par habitant, contre 35 kg au niveau mondial. Mais la demande monte en flèche, en particulier dans les villes, souligne le rapport Arcadia 2019 sur le commerce des matières premières en Afrique. « Après la Chine et l’Inde, l’Afrique sera dans les décennies futures le continent de la croissance des viandes », souligne Jean-Paul Simier, l’auteur de l’étude. Une croissance de la consommation de 6 % par an d’ici 10 ans selon les projections de la FAO, contre 2 % au niveau mondial.
20 % de viande importée
Cette demande pourtant faible, la production locale peine déjà à la satisfaire. L’Afrique ne produit que 18 millions de tonnes de viande, 5 % de la production de la planète, pour 15 % de la population mondiale. Le recours aux importations est encore modeste, 3 millions de tonnes, mais en proportion de la consommation, il est déjà énorme : 20 % de la viande consommée en Afrique vient de l’étranger, c’est deux fois plus que la moyenne mondiale.
Les deux premiers pays producteurs de viande sont aussi les deux premiers importateurs, l’Afrique du Sud pour la volaille, l’Égypte pour le boeuf, d’autant que cette viande est désormais subventionnée par les autorités du Caire. Mais l’Afrique de l’Ouest, où la sécheresse a pénalisé les élevages bovins du Sahel l’an dernier, importe aussi de plus en plus de boeuf du Brésil. Plus étonnant, la Côte d’Ivoire importe désormais autant de viande porcine que l’Afrique du Sud et que l’Angola, troisième plus gros importateur de viande en Afrique.
Crainte des APE
Mais c’est majoritairement de la volaille qu’importe l’Afrique (55 % des importations). Et cela crée des tensions commerciales, les importations menaçant de plus en plus les élevages locaux. L’Afrique du Sud a imposé des taxes à ses frontières en 2016. Les cargaisons de poulet en provenance des États-Unis et d’Europe, en particulier de Pologne, se reportent sur le Congo, le Gabon, le Liberia ou le Ghana. La filière avicole ghanéenne vient d’ailleurs de s’allier à la filière sud-africaine pour lutter contre ce qu’elle considère comme du dumping. Plus largement toute l’Afrique de l’Ouest craint la montée en puissance progressive des nouveaux Accords de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne, même si les viandes sont, pour le moment, exclues de ces accords de libre-échange.
(RFI 15/04/2019)