La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne appellent dans une déclaration commune, publiée ce dimanche, à la « désescalade des tensions » et à une « reprise du dialogue » entre l’Iran et les Etats-Unis. Le président Hassan Rohani affirme être prêt à négocier en cas de levée des sanctions américaines.
L’inquiétude grandit dans les capitales européennes face à la crise au Moyen-Orient. Dans une déclaration commune signée par leurs chefs d’Etat et de gouvernement respectifs, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, tous trois signataires de l’acord sur le nucléaire iranien de 2015 (JCPoA), ont lancé un appel au calme et à la reprise des discussions entre Iran et Etats-Unis.
« Nous sommes préoccupés par le risque que le JCPoA ne se défasse, sous la pression des sanctions imposées par les Etats-Unis et à la suite de la décision de l’Iran de ne plus appliquer plusieurs des dispositions centrales de l’accord », expliquent-ils dans ce texte diffusé par l’Elysée.
« Par ailleurs », poursuit le communiqué, « nos trois pays sont profondément troublés par les attaques auxquelles nous avons assisté dans le golfe Persique et au-delà, ainsi que par la détérioration de la sécurité dans la région. Nous pensons que le moment est venu d’agir de façon responsable et de rechercher les moyens d’arrêter l’escalade des tensions et de reprendre le dialogue ».
Pour Paris, Londres et Berlin, « les risques sont tels qu’il est nécessaire que toutes les parties prenantes marquent une pause, et envisagent les conséquences possibles de leurs actions ».
Des incidents en série
Les incidents se sont multipliés ces dernières semaines. Dernier en date ce mercredi, lorsque la marine iranienne a tenté, selon le Royaume-Uni, d’empêcher le passage d’un tanker britannique dans le détroit d’Ormuz. La Royal Navy a dû déployer une frégate pour escorter ce navire. Mais Téhéran a nié toute intervention de sa part.
L’Iran se plaint de son côté de l’arraisonnement injustifié par le Royaume-Uni, depuis le 4 juillet, d’un pétrolier à Gibraltar. « Un acte de piraterie », selon le président Rohani, qui menaçait alors Londres de représailles. En mai et en juin, des attaques avaient déjà été menées contre des navires pétroliers dans ce détroit stratégique, véritable autoroute mondiale du pétrole par laquelle transitent 17 millions de barils par jour (un cinquième de la consommation mondiale).
Cette escalade des tensions intervient après la décision en mai dernier par l’Iran de cesser de limiter ses réserves d’eau lourde et d’uranium enrichi. Donald Trump avait ensuite imposé de nouvelles sanctions américaines sur plusieurs secteurs économiques iraniens.
Téhéran a annoncé lundi 8 juillet produire désormais de l’uranium enrichi à au moins 4,5 %, un niveau prohibé.
Rohani prêt à négocier si…
« Alors que nous continuons de soutenir le JCPoA, sa poursuite dépend du plein respect par l’Iran de ses obligations », écrivent dans leur déclaration les trois Etats européens, pour lesquels « des signes de bonne volonté sont nécessaires de toute urgence, de la part de toutes les parties ».
Ce dimanche, Hassan Rohani a semblé faire un premier pas en affirmant être prêt à négocier, mais sous conditions. « Nous avons toujours cru au dialogue […] S’ils lèvent les sanctions, mettent fin à la pression économique et reviennent à l’accord, nous sommes prêts à des pourparlers avec les Etats-Unis dès maintenant et n’importe où », a-t-il déclaré.
(Les Echos 15/07/2019)