Large vainqueur des élections législatives de dimanche, le futur Premier ministre est issu d’une famille habituée à occuper des postes de pouvoir en Grèce. Proche des milieux d’affaires, diplômé de Harvard et ancien consultant chez McKinsey, il s’appuie sur un programme d’inspiration libérale.
Les Grecs connaissaient déjà bien son père et sa soeur, ils vont désormais s’habituer (aussi) à lui. Kyriákos Mitsotákis, futur du Premier ministre grâce à la victoire de son parti aux législatives de dimanche, est le représentant d’une famille habituée à exercer le pouvoir. Le dirigeant conservateur est longtemps resté dans l’ombre de son père, Constantinos, Premier ministre de 1990 à 1993, dans un gouvernement où figurait aussi sa soeur, au poste de ministre de la Culture. Dora Bakoyiannis (le nom de son mari, député assassiné par l’extrême-droite) a par la suite été ministre des Affaires étrangères de 2006 à 2009, après avoir occupé le fauteuil de maire d’Athènes. Un siège occupé depuis début juin par… son fils, Costas Bakoyiannis.
Kyriákos s’inscrit donc dans la droite ligne d’une dynastie politique comme la Grèce sait en fabriquer (les Papandreou, les Karamanlis…). Il y a trois ans, il a ainsi succédé à son père à la tête du parti de droite Nouvelle démocratie. Mais, durant toute la campagne de ces législatives, il a tenté de mettre de la distance avec cet héritage : « Jugez-moi sur mon CV, et non par mon nom », a-t-il répété à l’envi.
Inspiration libérale
Soucieux de ne pas prêter le flanc aux soupçons de népotisme, largement répandu dans le pays, il a aussi assuré qu’il ne prendrait pas de membres de sa famille à ses côtés. Large vainqueur de l’élection face à son rival de gauche Alexis Tsipras, au pouvoir depuis 2015, Kyriákos Mitsotákis, 51 ans, a promis d’apporter du sang neuf à son gouvernement, avec des personnalités « de [sa] génération ou plus jeunes ».
Proche des milieux d’affaires, celui qui est sorti major de sa promotion à Harvard et qui a exercé comme consultant pendant dix ans chez McKinsey à Londres affiche volontiers une proximité politique avec Emmanuel Macron. Son programme d’inspiration libérale s’appuie sur une baisse des impôts des entreprises, sur l’immobilier et sur les dividendes, dans le but de faire revenir les investisseurs étrangers en Grèce. Il veut aussi relancer les réformes, notamment celle de l’Etat, qu’il avait lui-même déjà engagé il y a quelques années.
Ancien ministre
Elu député à 28 ans, il a en effet déjà été appelé au gouvernement. C’était en 2012, dans l’équipe du dernier Premier ministre conservateur, Antónis Samarás : ministre de la Réforme administrative, il avait lancé une réduction des effectifs de 15.000 fonctionnaires. Un chantier qu’il n’a pas pu mener à terme en raison de l’arrivée au pouvoir d’Alexis Tsipras début 2015. Mais qui lui a donné une image, toujours vivace, d’homme intransigeant.
Ses détracteurs estiment qu’il a poussé la ligne de Nouvelle démocratie vers un mélange de nationalisme et de néolibéralisme. Pendant sa campagne, conseillé par des communicants de l’ancienne équipe de Barack Obama, ce père de trois enfants a multiplié les sorties pour apparaître proche de la population, en étant très présent sur les réseaux sociaux et dans des rencontres de terrain en petit comité, plutôt que dans des grands meetings. Il n’a pas hésité non plus à s’ouvrir sur sa vie privée, racontant sa vie conjugale, ses habitudes au quotidien…
Anglophone et francophone, Kyriákos Mitsotákis compte sur sa proximité avec la nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen , pour tenter de renégocier les règles du programme de rigueur imposé à Athènes par Bruxelles. Son entourage a promis des premiers résultats d’ici 100 jours. Le compte à rebours débutera dès cette semaine, avec son intronisation et l’annonce de son gouvernement. Il peut en tout cas d’ores et déjà se targuer d’avoir fait baisser les taux d’emprunt du pays à un plus bas historique .
(Les Echos 08/07/2019)