En dépit de l’escalade des tensions au Moyen Orient, les prix sont ressortis en recul sur la semaine à 62,01$ pour le Brent (-2%) et à 52,51$ pour le WTI (-2,7%). Les marchés craignent que les tensions commerciales n’affectent la croissance mondiale et de ce fait la demande de pétrole. L’OPEP et ses alliés sont prêts à intervenir et cela devrait être décidé lors de leur prochaine réunion qui se tiendra à la fin du mois. De nouvelles attaques ont touché deux navires, transportant du naphta pour l’un et du méthanol pour l’autre, dans le Golfe d’Oman. Celles-ci marquent une escalade dans la crise iranienne, depuis que les Etats-Unis ont quitté l’accord sur le nucléaire iranien en mai 2018, maintenant le pays dans un niveau de sanctions économiques élevé. L’Iran a, de son côté, donné un délai de 60 jours, qui expire le 7 juillet, aux européens pour trouver un accord permettant à l’Iran de vendre son pétrole et faire des transactions bancaires. Malgré ces tensions politiques, les prix ne s’envolent pas, en dehors de la hausse observée le jour des attaques. Cela s’explique probablement par le fait que Donald Trump a affirmé qu’il ne voulait pas la guerre contre l’Iran, et a rallumé, dans le même temps, les inquiétudes sur la guerre commerciale. Ce sont donc les risques sur la demande de pétrole qui pèsent sur les prix. Les rapports mensuels (EIA, OPEP, AIE) ont tous révisé à la baisse les perspectives de croissance de la demande pour 2019. Le rapport de l’AIE indique que la demande mondiale n’a progressé que de +200 kb/j sur le 1er trimestre, soit la plus faible croissance depuis 2011, alimentée par une baisse en zone OCDE (Amérique du Nord principalement), à peine compensée par les pays en développement. L’année 2019 ressort cependant avec un léger déficit d’offre, du fait d’un rebond de la demande sur la seconde partie de l’année. L’AIE publie également ses premières estimations pour l’année 2020. Si la demande devrait continuer à s’améliorer, attendue en hausse de +1,4% (+1,4 Mb/j), avec l’hypothèse d’une baisse des tensions sino-américaines, à comparer à +1,2% en 2019, l’offre serait attendue en forte hausse à +2,3 Mb/j. Elle bénéficierait du démarrage de productions notamment au Brésil, en Norvège et au Canada, en plus de la croissance des productions du pétrole de schiste américain. Ces données vont dans le sens d’une prolongation des réductions de production à la prochaine réunion de l’OPEP. Si la production du groupe est estimée à 29,95 Mb/j en mai (-230 kb/j par rapport au mois d’avril), et que la production nécessaire sur 2019 pour équilibrer le marché est de 30,2 Mb/j, permettant ainsi un léger déstockage, l’OPEP ne devra produire que 29,3 Mb/j en 2020, soit le plus bas niveau depuis 2003.