La Bourse de Paris reste plombée par les tensions sino-américaines, tandis que Giuseppe Conte aurait mis sa démission dans la balance pour forcer son gouvernement à négocier avec l’UE. Côté valeurs, Renault tire son épingle du jeu.
La Bourse de Paris entame le mois de juin dans le rouge, les derniers développements dans le bras de fer commercial entre Washington et Pékin et le risque italien incitant les investisseurs à se tenir à l’écart des actifs à risque. La dégradation de l’activité manufacturière s’est par ailleurs poursuivie en mai dans la zone euro, l’indice PMI IHS-Markit reculant de 0,2 point à 47,7, s’enfonçant ainsi encore plus sous le seuil critique des 50, qui sépare extension et contraction de l’activité.
« La guerre commerciale, la chute de la demande dans le secteur automobile, le Brexit et une incertitude géopolitique plus grande demeurent les risques les plus cités en ce qui concerne les perspectives », souligne Chris Williamson, chef économiste chez IHS Markit. « Ces éléments sont potentiellement susceptibles de torpiller toute stabilisation du secteur manufacturier », précise-t-il. Sur le marché obligataire, le rendement de l’emprunt allemand à 10 ans s’établit à -0,212%, se maintenant ainsi autour de ses plus bas historiques.
Conte sort l’arme de la démission
Les tensions entre l’Union européenne et Rome restent vives alors que Bruxelles a demandé à l’Italie de s’expliquer sur la détérioration de ses comptes publics. Démarche qui pourrait aboutir à l’ouverture d’une procédure disciplinaire. Par ailleurs, La Repubblica croit savoir que le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, va adresser un ultimatum à la Ligue et au M5S annonçant qu’il veut la tenue de négociations avec l’Union européenne en mettant sa démission dans la balance.
Pékin accuse Washington de saper les négociations
La Chine a annoncé samedi la mise en place de droits de douane portant sur 60 milliards de dollars de biens importés des Etats-Unis. Dans un « Livre blanc » sur les négociations commerciales, Pékin a par ailleurs accusé Washington d’être responsable de l’impasse dans laquelle se trouvent les discussions, lui reprochant notamment d’être revenu à trois reprises sur ses engagements. La Chine a également indiqué qu’elle va ouvrir une enquête sur FedEx en vue de son éventuel placement sur une liste noire. Pékin accuse l’entreprise d’avoir détourné vers les Etats-Unis deux colis envoyés du Japon vers la Chine.
Une menace qui a tout l’air d’une réponse à la mise de Huawei sur une liste noire par l’administration américaine. De plus, le ministre adjoint du Commerce chinois s’est refusé à tout commentaire sur la tenue d’une éventuelle réunion entre Donald Trump et Xi Jinping en marge du sommet du G20 au Japon à la fin du mois, se contentant de déclarer qu’il ne disposait d’aucune information à ce sujet.
Morgan Stanley s’inquiète du risque de récession
Face à cette dégradation du climat commercial et sa probable incidence sur l’économie mondiale, Morgan Stanley estime qu’une récession est en cours et qu’elle devrait intervenir d’ici à neuf mois si Trump met à exécution sa menace d’imposer des droits de douanes de 25% sur 300 milliards de dollars d’importations chinoises et que Pékin réplique. Le marché évalue désormais à 22% la probabilité d’une baisse des taux de la Fed le 19 juin, contre 2% il y a une semaine, et estime à près de 90% celle d’une détente d’ici la fin de l’année, selon les calculs de Bloomberg sur la base des contrats à terme sur Fed fonds.
Les pétrolières à la peine, Renault se distingue
La persistance des tensions commerciales pèse sur les cours du Brent (-1,9% à 60,84 dollars) et donc sur Total (-1%), TechnipFMC (-1,6%) et Vallourec (-2,5%).
Renault gagne près de 1%. Fiat Chrysler Automobiles (FCA) réfléchit à un éventuel versement au groupe français d’un dividende spécial et à de nouvelles garanties sur l’emploi afin d’obtenir le soutien du gouvernement français au projet de rapprochement entre les deux groupes, rapporte Reuters en citant des sources proches du dossier. A l’inverse, les autres valeurs du secteur automobile poursuivent leur recul à l’image de Valeo (-2,1%), Peugeot (-2,1%) et Michelin (-1,7%).
Eurofins Scientific accuse la plus forte baisse du SRD, après avoir annoncé avoir été victime d’un rançongiciel (« ransomware ») qui a perturbé certains de ses systèmes informatiques.
Avec un recul de 7%, Infineon accuse la plus forte baisse du Stoxx 600 après l’annonce du rachat de l’américain Cypress Semiconductor pour une valeur d’entreprise de 10,1 milliards de dollars (9 milliards d’euros), dette comprise. Le groupe allemand propose 23,85 dollars par action Cypress, soit une prime de 46% par rapport au cours moyen du mois écoulé. Un prix jugé bien trop élevé par le marché.
(Les Echos Investir 03/06/2019)