Ils demandent au président catalan de cesser de conditionner toute initiative à la question de l’indépendance. Même si la région reste le moteur économique principal du pays, sa croissance est passée sous la moyenne espagnole l’an dernier.
Les patrons catalans tirent le signal d’alarme. Ils alertent sur le déclin de leur région et demandent au président catalan, Quim Torra, de cesser de conditionner toute l’action de son gouvernement à la question de l’indépendance. « La perte de pouvoir économique de la Catalogne commence à se noter », et « cela va détériorer l’activité de la région », a averti ce lundi Juan José Brugera, le président du Cercle d’économie, think tank des patrons catalans, chiffres à l’appui.
La Catalogne qui a toujours été le moteur économique de l’Espagne a vu en effet sa croissance passer sous la moyenne nationale l’an dernier, à 2,3 % contre 2,6 % pour l’ensemble du pays, et l’écart se creuse avec la région de Madrid, dont le PIB a progressé de 3,7 %.
Risque séparatiste
Le risque séparatiste et les constantes tensions avec le gouvernement central sapent petit à petit le dynamisme de la région. La tentative de sécession de l’automne 2017 a fait fuir plus de 3.800 entreprises , qui ont déplacé leur siège social ailleurs en Espagne même si elles continuent à opérer depuis la Catalogne. Parmi elles se trouvent les deux grandes banques Sabadell et CaixaBank, qui ont perdu durant la phase la plus aiguë du conflit plus de 30 milliards d’euros de dépôts et n’ont pour l’instant récupéré que 8 milliards, selon un récent rapport.
Pas de chute d’activité brutale
Face à l’appel au consensus lancé par les patrons catalans, le président régional se contente de réaffirmer la solidité de l’économie catalane, avec la sécession comme seule voie, insistant sur le fait que la chute brutale de l’activité annoncée par les mauvais augures ne s’est pas produite. « Effectivement, on n’assiste pas à un effondrement mais à une extinction à petit feu », estime l’économiste Jordi Alberich, responsable de l’institut stratégique de l’organisation patronale catalane Foment del Treball, en soulignant l’élan perdu par Barcelone dans les rankings internationaux.
« Débats nombrilistes »
« Le repli sur des débats nombrilistes finit par éroder la vitalité de Barcelone. Elle est en train de passer de cité ouverte au monde à ville de province, elle n’a plus de grandes ambitions », dit-il en avertissant que les investisseurs se détournent vers d’autres destinations moins problématiques. De fait, même si la Catalogne représente 19,1 % du PIB national, elle n’a attiré que 6,2 % des capitaux venus vers l’Espagne en 2018 , contre 31 % en 2016. Et pendant que les investissements étrangers directs ont globalement augmenté de 71 % l’an dernier pour le pays, la Catalogne a, au contraire, capté 12 % de fonds en moins.
(Les Echos 03/06/2019)