Edouard Philippe a demandé aux préfets de convier, sous dix jours, les « acteurs pertinents » de leurs territoires pour mettre en musique la mobilisation pour l’emploi et les transitions annoncées par Emmanuel Macron. Plusieurs pistes sont listées, certaines très générales, d’autres plus précises.
Un rappel des objectifs, des fiches pratiques, et un calendrier : les préfets ont dix jours maximum pour mettre en branle sur leurs territoires la grande mobilisation pour l’emploi et les transitions annoncée par Emmanuel Macron. Edouard Philippe vient de leur envoyer une circulaire exigeant des résultats « tangibles ». « Notre objectif est de remédier aux angles morts de nos politiques publiques, c’est-à-dire aux situations où celles-ci n’atteignent pas leurs objectifs, faute de suivi politique ou de coordination au plus près des territoires », écrit le Premier ministre dans le document auquel « Les Echos » ont eu accès.
Contrat pour tous les apprentis
Nombre de jeunes qui choisissent cette forme d’enseignement ont du mal à trouver un employeur ou renoncent du fait de « l’éclatement » entre domicile, CFA et entreprise. Certaines pistes avancées par la circulaire restent très générales. Il s’agit ainsi d’« industrialiser, notamment via le partage le plus précoce possible des données », la mise en relation jeunes-entreprises. Ou de « faire en sorte » que l’offre régionale de transport soit « adaptée ». D’autres sont plus précises, comme l’instauration d’un « bail mobilité » de 1 à 10 mois (également éligible aux salariés ou aux chômeurs), la « mobilisation » des résidences secondaires, logements touristiques ou étudiants, la « production de ‘résidences jeunes” » dans le parc social. Des pistes sont également listées pour les 110.000 jeunes qui se sont inscrits sur Parcoursup pour reprendre les études .
Emplois non pourvus
Matignon renvoie à des chantiers en cours, comme la remise à plat des services de Pôle emploi (objet d’une négociation entre l’Etat, l’Unédic et les partenaires sociaux) ou les pactes régionaux d’investissement dans les compétences (qui viennent d’être signés dans les régions). Pour le reste, il s’agit de trouver des « outils souples et simples » de formation pour répondre à un besoin d’emploi, l’un des objectifs des pactes régionaux justement…
Garde d’enfant, mobilité
Les préfets sont incités à étudier la création d’une offre de garderie « ponctuelle », le temps d’un entretien d’embauche ou de la période d’essai par exemple, les dispositifs actuels comme la Paje étant jugés « insuffisants ». Autre piste : réserver des places en crèches en cas de reprise d’un emploi durable. Les dispositifs d’aides au transport ou au logement étant jugés tout autant « insuffisants », il est envisagé, pour les chômeurs, des aides au permis de conduire, des locations de voiture bon marché et des plates-formes de mobilité. Pour les salariés, il s’agit d’améliorer ce qui existe : prime de 1.000 euros pour les déménagements, accès aux offres d’Action logement, garantie locative Visale… Et pour tous, Matignon imagine des « organismes intermédiaires » permettant de sous-louer des logements sociaux en dérogeant aux procédures d’attribution de droit commun.
Rénovation thermique
Le gouvernement est à la peine sur l’objectif de 500.000 rénovations de logements par an (380.000 effectives). Ce n’est pas faute d’avoir voulu simplifier les dispositifs (CITE, éco-prêts à taux zéro, certificats d’économie d’énergie, chaudière à un euro…). Tout une ingénierie dont la mise en oeuvre soulève beaucoup d’interrogations. Comment, par exemple, éviter que l’accès des ayant-droit aux aides ne se transforme une nouvelle fois en un parcours du combattant ? Edouard Philippe lance l’idée de « désigner un chef de file unique » parmi les acteurs de la rénovation thermique pour informer et orienter les ménages. Pour faciliter la décision d’investir, l’option est de « massifier les travaux » pour réduire les coûts.
Ecologie de proximité
Division par deux des déchets mis en décharge, 100 % de plastiques recyclés d’ici à 2025, 50 % d’aliments bio dans les cantines d’ici à 2022… Les grands objectifs écologiques dépendent de la capacité des territoires à s’en emparer. Matignon veut faire émerger toute une bio-économie locale via des dispositifs concrets : circuits courts, réseaux de réemploi et de réparation, systèmes de recyclage… ONG, économie sociale et solidaire, collectivités locales et entreprises sont en première ligne. Toute la question, posée par Edouard Philippe, est de savoir quels partenariats mettre en oeuvre. L’enjeu social est fort : 300.000 emplois peuvent s’ajouter aux 800.000 actuels de l’économie circulaire.
(Les Echos 20/05/2019)