Le gouvernement lance ce lundi une mobilisation pour l’emploi et la transition environnementale associant les corps intermédiaires. Il est temps de sortir des débats sur les mesures de court terme et non financées de soutien au pouvoir d’achat.
Lutte contre le chômage de masse et transition écologique. Le gouvernement tend la main aux corps intermédiaires, réunis ce lundi à Matignon , pour aborder les dossiers économiques et sociaux parmi les plus lourds du moment. Il n’est que temps d’associer davantage les partenaires sociaux, associations et représentants des territoires pour tenter d’impulser une mobilisation collective.
Mais aussi et surtout de sortir de la « tyrannie » du pouvoir d’achat et des mesures de court terme. Sous la pression de la rue, l’exécutif a ouvert les vannes de la dépense fiscale et sociale, débloquant 17 milliards d’euros et renonçant à des recettes programmées (montée en charge de la taxe carbone) d’ici à 2022, ce qui va grever bien davantage les finances publiques.
Les Français moins riches que les Allemands
Et de fait, les résultats sont là, l’Etat ayant mis en oeuvre l’ensemble des mesures dans des délais très courts . Prime d’activité, « prime Macron », heures sup défiscalisées, remboursements de CSG pour certains retraités : le pouvoir d’achat va progresser à un rythme particulièrement soutenu cette année, a mesuré l’Insee.
Sauf qu’une dimension essentielle du pouvoir d’achat a été peu abordée dans le grand débat : c’est d’abord en faisant reculer le chômage et en produisant davantage que les Français pourront s’enrichir collectivement (et in fine individuellement), alors que l’écart s’est indubitablement creusé avec nos voisins allemands depuis dix ans.
Avec un taux de chômage encore proche de 9 % , la France se singularise par rapport aux grands pays industrialisés. L’économie laisse en particulier sur le carreau nombre de jeunes sans qualification, et traite mal ses salariés âgés.
Le « pacte productif » évoqué par le chef de l’Etat pour aller vers le plein emploi reste à l’état d’ébauche. Il devrait désormais mobiliser toutes les énergies et focaliser le débat public, plutôt que de se perdre dans des polémiques stériles sur le degré de violence des uns et des autres chaque samedi.
Impulsion locale
Les réformes engagées en matière d’apprentissage, de formation professionnelle et d’assouplissement du Code du travail vont dans le bon sens. D’autres sont encore en attente (assurance-chômage, aides à la mobilité, baisse des impôts de production, etc.). Des obstacles sont levés, de nouveaux outils et guichets sont disponibles, mais il manque souvent, bassin d’emploi par bassin d’emploi, entreprise par entreprise, l’impulsion et la coordination de l’ensemble des acteurs. Des bonnes recettes trouvées localement pourraient être dupliquées. Un chantier de longue haleine à engager sans tarder.
(Les Echos 06/05/2019)