La réforme fiscale encourageait les entreprises américaines à ramener leur trésorerie stockée à l’étranger. La vague a été moins massive que ne l’espérait Donald Trump, mais les chiffres demeurent impressionnants. Sur les quelque 4.000 milliards de dollars de profits stockés à l’étranger par les entreprises américaines depuis trente ans, « seuls » 665 milliards de dollars ont été rapatriés aux Etats-Unis l’an dernier sous l’effet de la réforme fiscale. Soit quatre fois plus que l’année précédente, mais moins que les milliers de milliards de dollars attendus par l’administration Trump, qui espérait ainsi donner un coup de pouce à l’investissement.Les chiffres publiés par le Département du commerce il y a quelques jours montrent qu’après des flux massifs en direction des Etats-Unis en début d’année, les entreprises ont nettement ralenti la cadence des rapatriements. Près de la moitié de la totalité des milliards renvoyés sur l’année l’ont été au premier trimestre, soit juste après le vote de la loi en fin d’année 2017. Moins de 86 milliards de dollars ont été rapatriés au dernier trimestre 2018. « Le flux devrait continuer à se tarir en 2019, souligne Grégory Daco, économiste chez Oxford Economics. Les entreprises n’ont pas besoin de renvoyer toute leur trésorerie aux Etats-Unis. Bien qu’il soit difficile de tracer ces flux, on peut supposer qu’elles en ont rapatrié une partie pour payer leurs impôts, pour faire des rachats d’actions et pour des fusions acquisitions. Mais très peu l’ont fait pour financer des investissements ». Les rachats d’actions ont de fait dépassé les 1.000 milliards de dollars en 2018, un record. La réforme fiscale visait initialement à encourager les entreprises à rapatrier les profits réalisés à l’étranger qu’elles stockaient hors des Etats-Unis pour éviter de payer un impôt sur les sociétés américain longtemps parmi les plus élevés du monde (l’administration Trump l’a ramené de 35 % à 21 %). Elle a donc créé une taxe à un taux unique pour ces fonds (15,5 % pour les actifs liquides, 8 % pour les actifs non liquides), s’appliquant en une fois sur tous les profits accumulés à l’étranger depuis 1986. La taxe n’oblige toutefois pas les entreprises à rapatrier leurs fonds. Et les conditions de financement, qui demeurent attrayantes aux Etats-Unis malgré le durcissement monétaire, tendent à encourager les entreprises à emprunter, plutôt qu’à puiser dans leurs coffres offshore. (Les Echos 31/03/2019)