Toujours plus bas, les indices de sentiments européens continuent d’enfoncer des points bas. Le SENTIX qui a commencé l’année à 33 est tombé à 8,8. Il faut remonter à l’été 2016 et aux craintes d’un très fort ralentissement chinois pour retrouver de niveaux aussi faibles… Les Américains ont rejoint le bal des pessimistes, les indices de sentiment se sont repliés a une vitesse étonnante. L’indice Fear and Greed qui compile plusieurs indicateurs (Vix, spread bonds / stock returns, nombre de titres à un plus haut de 1 an / nombre de titres touchant un point bas 1 an, le spread Junk / IG bonds…) est à 8 sur 100, alors qu’il était à 44 il y a un an… C’est ce que les Anglo Saxons appellent « the point of maximum frustration », c’est-à-dire ce point où le marché décourage même les plus audacieux qui semblent abandonner tout espoir de rebond. C’est aussi le point où le marché capitule et où les investisseurs écœurés par une baisse trop prononcée décident de sortir des marchés financiers. Ce point reflète souvent un environnement de marché où les commentateurs ne trouvent plus de raisons pour le marché de se retourner, où il n’y a apparemment aucun catalyseur en vue qui pourrait inverser la tendance. C’est également le moment où les OPC doivent gérer l’inquiétude des souscripteurs et préserver la capacité de rebond du fonds tout en servant les investisseurs qui ont jeté l’éponge.
On touche là aux limites de notre stratégie. La dégradation du sentiment ouvre des perspectives de rebond mais elle met les nerfs des porteurs à rude épreuve et oblige à gérer le passif des fonds pour préserver la capacité du fonds à rebondir le cas échéant. Le marché nous semble excessivement pessimiste mais il peut le rester un moment… Comme dit Monsieur Buffet, c’est dans ces moments que le marché offre l’opportunité d’investir dans de très belles sociétés à prix réduit : « j’aime les hamburgers quand ils sont bon marché, j’en achète et j’en mange beaucoup. Ma consommation est plus faible lorsqu’ils sont chers mais je ne les aime pas moins… ». Ce mantra qui a fait sa légende n’est possible que parce que Monsieur Buffet contrôle son passif ou plus exactement n’a pas de passif à gérer. Monsieur Buffet n’a pas de porteurs ou de souscripteurs venant récupérer leurs souscriptions lorsque les marchés sont déprimés contraignant le gérant à vendre des positions pour les servir alors que la valorisation des actifs l’inciterait plutôt à acheter. C’est la raison pour laquelle il est si important pour un gérant de se ménager des marges de manœuvres, c’est le but de notre stratégie.